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Clermont-Ferrand 2013

Interview-éclair avec Benjamin Parent

lundi 25 février 2013, par Clotilde Couturier

Benjamin Parent, réalisateur de "Ce n’est pas un film de cow-boys", répond à notre interview-éclair entre deux rendez-vous professionnels (ou deux séances de films) au Festival International du court-métrage de Clermont-Ferrand 2013.

Le festival international du court-métrage de Clermont-Ferrand, c’est 480 courts-métrages projetés en salles et 7000 disponibles au centre de documentation de « La Jetée ». C’est 12 salles de projection, 150 000 spectateurs… et 2000 boîtes aux lettres professionnelles !
Le festival offre en effet un service de boîte aux lettres, dans lesquelles on s’échange les films, mais aussi les cartes de visite, les CV, les invitations, les messages de félicitations, les au revoir, les mots doux… et pourquoi pas une interview-éclair !?

Nous avons testé le concept avec Benjamin Parent, réalisateur de « Ce n’est pas un film de cow-boys ».

N°6 : Interview-éclair avec Benjamin Parent

Clermont-Ferrand le 7 février 2013


Bonjour Benjamin Parent !

Merci d’avoir accepté de vous livrer à cette petite interview-éclair. Alors, rapidement, entre deux séances de courts-métrages et sans prendre le temps de rédiger de belles phrases :

Vous présentez cette année en compétition nationale à Clermont votre dernier film « Ce n’est pas un film de cow-boys ». On entend déjà pas mal parler de votre film, alors que vous n’avez pas encore été diffusé en télé si je ne me trompe ? On entend souvent dire que vous avez un regard sur l’adolescence assez touchant. Je vais découvrir cela avec le programme F12…

(c) "Ce n’est pas un film de cow-boys" - Benjamin Parent - https://www.facebook.com/pasunfilmdebenjaminparent


 Du coup, du 17 janvier au 17 février vous êtes sur My French Film Festival, du 1er au 9 février en compétition à Clermont, le 2 février vous avez été nommé pour les Césars dont la cérémonie se tiendra le 22… Ce mois de février 2013, vous n’êtes pas près de l’oublier, si ?

Benjamin Parent : C’est un début d’année en fanfare et j’essaie de ne pas être trop nerveux en attendant le 22 février… Je pense que le mois de mars sera plus détendu.

 Et vous arrivez à dormir ? Est-ce que ça ne fait pas un peu beaucoup ? Comment gère-t-on cette accélération soudaine, dans une carrière de réalisateur ?

Benjamin Parent : Tout s’est accéléré après Cannes en mai dernier et on gère. Cowboys m’a permis de faire de belles rencontres. C’est une pression positive.

 Avant d’arriver aux Césars, vous avez grandi davantage dans quel ventre :

la websérie ? (PuceauX)

le journalisme ? (maison Konbini)

ou le cinéma ? (réalisation de « The end » en 2011 avec Charlotte Rampling)


Benjamin Parent : J’ai une formation universitaire en cinéma et j’ai beaucoup travaillé dans la production à différents postes comme assistant de production ou stagiaire régie… J’ai fait un passage par l’écriture sur des sites comme Canal + ou encore filmdeculte.com et puis j’ai bossé en agence de pub pendant 4 ans. C’est là que j’ai repris la confiance en écriture avec un cadre.

J’ai rencontré l’un de mes producteurs, Arno Moria, sur un tournage pour Ikéa et 2 ans plus tard je rejoignais les rangs de sa société de production Les Télécréateurs. Ce n’est qu’après que je me suis lancé dans Konbini par une envie de partager ma passion du ciné à travers une chronique sympa. Quant à Puceaux, c’est un projet que j’ai décroché grâce à Cowboys et pour le compte de l’INPES et de l’agence McCann.

J’ai aussi grandi avec le stand up que je suis depuis 2003. J’ai co-écrit les deux premiers spectacles de Thomas VDB et ses chroniques radio sur France Inter pendant 2 ans. Aujourd’hui j’écris avec Joséphine Draï pour ses sketchs sur la même radio (sur dailymotion, tape « On va tous y passer Joséphine »).


NDLR : on a rajouté les liens cliquables sur la réponse, que vous puissiez découvrir toutes les facettes de Benjamin Parent ! :)

 Connaissiez-vous le festival de Clermont-Ferrand avant d’avoir réalisé « cow-boys » ?

Benjamin Parent : Je connaissais de nom et de réputation mais je n’y étais jamais allé.

 Vous faites des analyses de longs-métrages régulièrement avec « 5 minutes après » sur Konbini. En tant que spectateur, vous préférez le long-métrage ou le court-métrage ?


Benjamin Parent : Je préfère les bons films qu’ils soient courts ou longs… mais j’ai une préférence pour les longs.

 Avant « cow-boys », vous aviez déjà été voir, au sein des différents festivals qui existent, un programme de courts-métrages, proposé comme un tout d’1h30 ou 2h, et diffusé dans une salle de cinéma ?

Benjamin Parent : Oui dans des festivals comme Cannes ou Melbourne.

 Vous pensez que cette proposition d’un programme de courts-métrages tiendrait dans un « vrai » cinéma, face aux longs-métrages, point de vue fréquentation du public ?

Benjamin Parent : Je pense que le principal souci est que 5 courts sont réalisés par 5 personnes différentes donc il est difficile de rendre cohérent une programmation. Il faut trouver un axe commun au film ou du moins un fil conducteur. C’est très dur de programmer une session court métrage.

 Pour présenter « cow-boys » aux gens qui vous connaissent, on pourrait dire que vous avez mixé deux de vos processus créatifs : les « 5 minutes après » que vous présentez sur le site Konbini, et votre travail vidéo sur les adolescents. Est-ce que vous aviez déjà pensé à réaliser un court-métrage proche de « cow-boys » avant ces différentes étapes de votre parcours ou « cow-boys » est-il vraiment pleinement né de la combinaison des hasards et des rencontres ?

Benjamin Parent : Cowboys a été écrit par Joris Morio et moi-même dans le but d’en faire, il y a 7 ans, un programme court… et ça n’a rien donné. Il y a 2 ans, j’ai ressorti le scénario et l’ai modifié pour en faire un vrai court-métrage de cinéma et non un sketch télé. J’y ai apporté des éléments personnels et on s’est lancés. Le film est donc antérieur à PuceauX et Konbini !

 Bon et alors ! "5 minutes après"... le dernier court-métrage que vous ayez vu au festival :

Benjamin Parent : Salut c’est « 5 minutes après le film » et y a 5 minutes j’ai vu « Les Lézards » de Vincent Mariette et j’en parle tout de suite ! J’ai trouvé le film génial et la dernière minute m’a foutu la chiale…

 Ok, et si maintenant on faisait des « 6 mois après ». Parce qu’après 6 mois, que nous reste-t-il d’un film ?
Il y a six mois, sur Konbini, vous avez diffusé votre « 5 minutes après » sur « The dark knight rises ». (BIM !) Alors, 6 mois après « The dark knight rises », vous en diriez quoi ?

Benjamin Parent : TDKR comme disent les geeks, est moins réussi que TDK mais ça reste un film prenant avec un méchant que je trouve remarquable… Mais le scénario est faussement complexe et il n’y a pas de scènes de bravoure comme dans TDK.

 Vous avez opté pour un choix original dans « Ce n’est pas un film de cow-boys », celui de faire parler vos personnages autour du film « Brokeback Mountain », réalisé par Ang Lee. C’est très original de proposer une incursion du « cinéma dans le cinéma » sous cet angle. On peut facilement trouver des films qui à l’intérieur même du film, jouent avec le tournage de cinéma, avec la salle de cinéma, avec la question de la production, de la diffusion… Mais jouer avec le ressenti du spectateur, c’est plutôt rare. Lié à votre « 5 minutes après » ?...


Benjamin Parent : Comme le script a été écrit il y a 7 ans…. Non… Mais ça a à voir avec mon adolescence où on se racontait les films vus la veille au soir. On n’a jamais voulu parler de cinéma dans le cinéma… c’est juste un état de fait dans le film. Brokeback a changé la vie de ce gamin, mais ce n’est pas le plus important. Ce qui compte c’est qu’il vient de découvrir que ce qui faisait de lui un homme « viril », un homme, un vrai, c’est d’accepter ses émotions.

 Mais pourquoi avoir choisi des adolescents… Un échange entre adultes ne vous intéressait pas ? Et pourquoi pas le regard d’un enfant ?


Benjamin Parent : Parce que l’adolescence est un passage difficile où l’on se crée son identité. Enfant, c’est juste avant et adulte c’est juste après.

 « Brokeback Mountain » a fait couler beaucoup d’encre à sa sortie. Il est le point de départ des discussions de vos protagonistes et donc de votre film. Représente-t-il pour vous un autre point de départ ?

Benjamin Parent : Non c’est juste un film bouleversant. Ce qui est déjà beaucoup. Une belle histoire d’amour et d’amitié.

 « Brokeback Mountain » met à l’écran un couple homosexuel. En l’évoquant, « Ce n’est pas un film de cow-boys » touche à son tour au sujet de l’homosexualité. Avez-vous vu beaucoup d’autres courts-métrages sur la question de l’homosexualité ?


Benjamin Parent : Non je n’en ai vu aucun.

 Y a-t-il plus de courts-métrages ou de longs-métrages qui évoquent l’homosexualité ? Trouvez-vous que l’homosexualité est bien représentée dans les longs-métrages français ?


Benjamin Parent : Je n’en ai aucune idée. En tout cas je pense qu’on peut parler d’homosexualité sans en faire un drame et sans protagoniste qui se suicide à la fin. Un peu de légèreté quoi !

NDLR : Le Festival de Clermont-Ferrand a pu nous informer qu’environ 7% des courts-métrages français proposés au festival sur l’année écoulée tenaient compte de l’homosexualité ou en étaient le sujet principal. A contrario, il y a seulement 2,5% des longs-métrages français* sortis en 2012 qui laissent place à un(e) ou des homosexuel (le)(s).

 Bon, vous vous appelez « Parent » et vous réalisez un film qui questionne autour de l’homosexualité… Vous le faites exprès ?


Benjamin Parent : Je ne vois pas le lien entre l’homosexualité et la signification de mon nom de famille… Par contre oui, la famille, est un de mes sujets de prédilection. Je ne peux pas le nier ! :)

NDLR : C’est précisément le sujet de son long-métrage, en pré-production actuellement...


Grand Merci à Benjamin Parent de nous avoir accordé un bout de son temps !
Nous lui souhaitons une bonne continuation ainsi qu’à « Ce n’est pas un film de cow-boys »…

Nous sommes heureux d’annoncer que l’acteur Finnegan Oldfield a reçu le « Prix Adami d’Interprétation – Meilleur Comédien » au Festival de Clermont-Ferrand !

"Ce n’est pas un film de cow-boys" est parfois visible en ligne ici, avec un mot de passe assez facile à deviner... si, si, c’est bien celui auquel vous pensez ! :) mais vous pouvez aussi le demander à Benjamin Parent sur Twitter !
Le film passe aussi dans la programmation de la chaîne Canal Plus.

Plus d’infos sur le Facebook du film : https://www.facebook.com/pasunfilmdebenjaminparent.

Interview réalisée par Clotilde Couturier

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* Pour les longs-métrages : pourcentage établi selon le rapport entre la liste de films enregistrée par Unifrance pour l’année de sortie 2012 et les films correspondants « taggés » sur le thème de l’homosexualité par le site Allociné.

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