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Interviews : Isabelle Putod, réalisatrice du film L’exilé du temps
jeudi 14 septembre 2017, par
Comment avez-vous créé la séquence d’introduction, est-ce un vrai ralenti ?
Si vous évoquez le premier plan, c’est-à-dire le bloc de glace qui gonfle, se déforme et donne naissance à une goutte d’eau, il n’y a aucun effet de vitesse. Nicolas Mifsud, le chef opérateur du film, a fait de nombreux essais avant d’aboutir à cette image. Nous nous sommes rendu compte que la première goutte était la plus lente à apparaître.
Quelle est la part de textes et d’images de Michel Siffre par rapport à l’ensemble du film ?
J’ai écrit le texte en me basant sur son journal de bord. Les phrases ont été souvent réécrites, dans le sens de la concision. Le travail le plus long a été de les choisir et de les mettre dans un ordre intéressant pour la narration du film.
Je me suis aussi beaucoup posé la question du temps (au présent ou au passé) à utiliser.
Les archives filmées de Michel Siffre ont une durée d’environ 3 mn.
Comment avez-vous créé la voix et travaillé l’ambiance sonore ? Comment vous est venue l’idée des intermèdes chantés et comment avez-vous choisi les chansons ?
Pour la voix, il ne s’agit pas de la voix de Michel Siffre mais d’un comédien de théâtre, Franck Lacroix.
Nous nous connaissons depuis longtemps (j’ai fait du théâtre dans ma jeunesse), et j’avais l’intuition qu’il fallait que ce soit lui.
Je ne me suis pas trompée. Longtemps avant d’enregistrer sa voix, nous avions fait une lecture du scénario.
Je n’ai donc pas fait de casting et Franck a été excellent.
Pour l’ambiance sonore, j’ai travaillé avec Hervé Le Dorlot, compositeur, musicien, mais aussi mon compagnon.
Cette proximité a permis de prendre du temps. J’ai utilisé certains morceaux de musique pour monter en fonction du rythme de la musique. Parfois, c’était la musique qui s’adaptait aux images.
Pour les musiques d’époques, je savais que Michel Siffre écoutait des disques vinyles et particulièrement Luis Mariano.
Il disait que l’écoute de voix humaines le consolait un peu de sa solitude.
J’ai choisi la chanson « Maman, la plus belle du monde », car c’était un moyen de montrer la fragilité d’un homme qui a peur, et qui pense à sa mère.
C’est un peu pathétique et drôle à la fois.
La chanson « Pour une amourette » de Leny Escudero, s’est imposée à moi dès le début de l’écriture.
Pourquoi étiez-vous intéressée par le déroulement de l’expérience et pas à l’analyse qui a lieu après : les effets sur le corps, sur les muscles comme sur les cinq sens ? Par exemple, à quel point la vue s’était-elle adaptée à la pénombre…
Pour moi, Michel Siffre est une sorte de Robinson Crusoé dans un gouffre. Le livre de Michel Tournier, « Vendredi ou Les limbes du Pacifique » m’a beaucoup inspiré.
Il vit une expérience hors du temps, et je voulais que le spectateur puisse s’imaginer dans cette situation de perte de repère.
Si j’avais développé l’analyse de l’expérience, mon film serait devenu scientifique, et ce n’était pas mon but.
A la fin du film, vous évoquez une autre expérience de ce type réalisée par Michel Siffre (NASA), envisagez-vous de l’explorer dans un second film ? De manière générale, êtes-vous intéressée par la thématique de l’expérience extrême et envisagez-vous de faire d’autres films dans cette thématique ?
Je la connais bien et je me suis posé la question d’une sorte de suite, en effet.
La seconde expérience de Michel Siffre est radicalement différente.
Il était alors devenu un cobaye, totalement pris en charge par la NASA.
Les conditions étaient confortables mais il n’était plus maître de son expérience. Sa nourriture et ses excréments étaient pesés, il portait des électrodes en permanence sur la tête et le visage et devait mesurer ses réflexes.
Rapidement, il est tombé dans une profonde dépression.
Le jour de sa sortie, les médias étaient absents : C’était le 5 septembre 1972 et ce même jour a eu lieu la prise d’otages des Jeux olympiques de Munich (aussi appelée massacre de Munich).
J’écris actuellement un documentaire/fiction : l’assassinat par son amant d’une femme mariée dans les années 30. Henriette était ma grand-tante, et son histoire me hante depuis mon enfance.
Quels ont été vos coups de coeur au cinéma cette année ?
C’est Walking Dead qui me vient à l’esprit. Je suis actuellement « accro » de cette série étonnamment politique.
Cela ne signifie pas qu’il y a un rapport entre Michel Siffre et un zombie.
Quoique...
Des diffusions publiques au calendrier ?
J’ai choisi de proposer mon film en premier au festival de Clermont-Ferrand. Mais d’autres diffusions suivront.
Allez-vous profiter du Festival de Clermont-Ferrand pour participer aux rencontres avec le public, les expressos, et participerez-vous aussi à d’autres festivals ?
Il y en a beaucoup, je pense que je ne vais pas m’ennuyer !
Par exemple, j’irai au Focus Résidences de création Résidence de création de musique originale de court métrage à La Chaise-Dieu
et rencontrer les lycées et leur web télé : LDV Télévision.
Teaser du film :