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Our Homeland de Yang Yoghi - Paris Cinéma 2012
dimanche 15 juillet 2012, par
Une famille coréenne, immigrée au Japon depuis des années, voit revenir pour des raisons de santé le frère ainé qui avait été renvoyé en Corée du Nord lors de son adolescence. Il n’a le droit qu’à quelques mois en dehors du territoire coréen, pour pouvoir se soigner au Japon, et devra retourner là-bas dès que son autorisation expirera ou que le gouvernement en décidera autrement.
Et lors de cet instant, de ces quelques jours où la famille est enfin réunie, se jouent des centaines de combats personnels, intimes, familiaux, mais aussi politiques et idéologiques. Car entre l’idéologie radicale de la Corée du Nors et le libéralisme débridé du Japon c’est l’incompréhension et l’affrontement constant.
Ces oppositions se répercutent ainsi à l’échelle de la famille, dans le drame qui se noue de l’absence forcée du frère, des parents attachés aux valeurs de leur pays d’origine et qui se retrouvent empêtrés dans des devoirs envers une nation qu’ils ont quitté depuis plus de 20 ans, de la révolte de la petite sœur élevée au Japon et qui se déchire entre ce qu’elle ressent face à cette idéologie extrême et les devoirs qu’elle a envers sa famille. Les conséquences de ses actes pouvant avoir de graves conséquences sur la vie de son frère mais ne pouvant pas pour autant accepter ce qu’on lui fait subir, elle se débat avec elle-même, avec son frère, avec les autres, pour comprendre pourquoi et comment ils en sont arrivés là, et pourquoi elle devra laisser repartir son frère vers ce pays qu’elle hait tant.
Film très touchant, à fleur de peau, où le moindre détail compte, Our Homeland est autobiographique pour la réalisatrice, et c’est ce qui le rend encore plus important. Important parce que cela se passe loin de chez nous et que pourtant ce qui se noue peut être tellement proche, important parce qu’il parle aussi de peuples entiers que l’on oblige à vivre loin de leurs pays d’origine, et que cela fait partie de l’actualité la plus intime de notre monde où les frontières sont si poreuses. Important parce qu’au-delà de la nationalité , il parle de cet endroit où l’on se trouve « Chez Soi », cet endroit où l’on sait que l’on veut retourner, avec les gens avec qui l’on veut vivre, et qui n’a rien à voir avec la nationalité et les problèmes géopolitiques.
La réalisatrice nous a parlé d’un film très silencieux, en nous demandant de ne pas nous endormir, mais je me dois de la contredire : impossible de s’endormir devant ce film et ses images qui résonnent plus par leurs silences, par les moments de vide entre les gens, par les regards sans mot dire que la famille partage, que certains films gravés de musique pour nous dire où ressentir quoi. Ici l’émotion est évidente et nous laisse traversés par elle encore longtemps après le générique de fin.