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Q and A with dir. Bence Fliegauf - Just the Wind

samedi 7 juillet 2012, par Abla Kandalaft

Just the Wind
Bence Fliegauf
2012, HONGRIE – ALLEMAGNE – FRANCE

Présenté à Paris Cinéma 2012

Campagne hongroise, 2012. Des familles entières de la communauté tsigane sont assassinées par des milices, la nuit. En attendant un exil proche au Canada, Mari et ses enfants font profil bas, face à la menace et au danger.

Just the Wind
Bence Fliegauf
2012, HONGRIE – ALLEMAGNE – FRANCE

Présenté à Paris Cinéma 2012

Campagne hongroise, 2012. Des familles entières de la communauté tsigane sont assassinées par des milices, la nuit. En attendant un exil proche au Canada, Mari et ses enfants font profil bas, face à la menace et au danger. Bence Fliegauf, réalisateur de Milky Way, présenté en compétition au Festival Paris Cinéma en 2008, signe ici une œuvre d’une grande sobriété aux allures de film d’horreur. Les cadrages au plus proche des personnages (littéralement traqués par la caméra), les arrières plans inquiétants, le silence oppressant et la bande son d’une rare puissance contribuent à installer une tension saisissante de réalisme. Un film qui érige la mise en scène au rang de dessein politique.

Combien de temps après les faits aviez-vous décidé d’en faire un film ?

J’y ai songé le lendemain des évènements mais il m’a fallu deux ans pour récolter toutes les informations et rédiger le scénario.

Pourquoi choisir de suivre uniquement les victimes ? On ne voit jamais les tueurs et on ne sait rien d’eux.

Dans l’absolu, je trouve qu’il est très difficile de filmer des personnes que l’on trouve répréhensibles car quand on les voit à l’écran on aura de l’empathie pour eux. Je prends par exemple le procès du couple Ceauscescu. C’était un spectacle d’une heure qui se termine par leur exécution et je n’ai pas pu m’empêcher de ressentir de la pitié. Quand on voit une personne à l’écran on a tendance à penser « c’est tout de même un être humain » ou de voir les choses de leur point de vue.

Où avez-vous trouvez vos acteurs ?

Ce ne sont pas des acteurs professionels mais des Roms que nous avons connu en parcourant la Roumanie, la Hongrie et l’Ukraine. Nous avions visité les régions et campements où il y a eu des incidents.

Vous sentiez-vous mal à l’aise à l’idée de recevoir un financement du gouvernement hongrois pour le film ?

Ce projet a été financé principalement par l’Allemagne et la France, le gouvernement hongrois n’a intervenu qu’à la fin pour contribuer à une toute petite partie du budjet et par la suite s’est approprié ce projet. Mais dans l’absolu, d’où vient l’argent m’est égal du moment où j’arrive à faire ce genre de film, à traiter d’un tel sujet et de le distribuer. L’on critique souvent le gouvernement hongrois, à juste titre ; le gouvernement actuel est le fruit empoisonné des frustrations des gens par rapport à la situation économique qui s’exprime aussi malheureusement par des réactions racistes. Mais je devrais préciser qu’il n’a eu aucun rôle à jouer dans ces faits qui se sont déroulés deux ans avant sa formation.

A plusieurs reprises, on suit les personnages entrain de marcher en silence à travers la forêt. Ceci signifie t-il quelque chose ?

C’est en partie pour des raison de suspense. Mais aussi, il s’agit là d’une référence à une tradition folklorique des Roms. Quand ils sont arrivés en Europe, ils ont fait face à une série de restrictions. Ils n’avaient pas le droit d’emprunter les routes principales et du coup ils se frayaient des chemins à travers champs et forêts. Ces chemins étaient organisés de façon à relayer des informations. Des Roms étaient postés le long du chemin à et si un des gardes percevait un danger il sifflait pour alerter le garde suivant qui sifflait à son tour et ainsi de suite, un peu comme le faisaient les sentinelles qui allumaient leurs torches une par une le long du mur de Chine.

On entend souvent que cette stigmatisation des Roms a provoqué une sorte de haine de soi au sein de la communauté. Qu’en pensez-vous ?

Ce qui est intéressant c’est que les coupables ont été arrêtées et ont dit qu’ils avaient pris pour cible des Roms de classe moyenne car s’ils avaient tué des familles de Roms issues des classes les plus pauvres, les plus aisés auraient ignoré ces crimes car il y a une sorte de racisme au sein de la communauté, très lié à la position socioéconomique de la personne. En attaquant ces classes moyennes ils espéraient susciter non seulement une réaction forte mais des contre-attaques qui provoqueraient une guerre civile. Personnellement vu la situation actuelle, je ne serai pas totalement contre un moment révolutionnaire au sein de la société mais bien sûr je condamne entièrement les meurtres de ces familles.

Vous n’avez pas suivi de formation dans une école de cinéma. Cela vous a t-il posé des limites dans votre travail ? Encouragez -vous les jeunes cinéastes en herbe à suivre une formation ?

Je pense que cela dépend du caractère de chacun. Je suis autodidacte donc j’ai appris sur le tas. Je ne pense pas qu’on puisse vraiment formaliser l’apprentissage d’un art.

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