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Q and A with dir. Yang Yonghi - Our Homeland
samedi 7 juillet 2012, par
OUR HOMELAND
Yang Yonghi
2012, Japon
Présenté à Paris Cinéma 2012
Yun Seong-ho arrive de Pyongyang, où il vit depuis 25 ans. Atteint d’un cancer incurable dans son pays, il obtient l’autorisation exceptionnelle de revenir quelques semaines au Japon, où vivent ses parents et sa sœur, pour suivre un traitement médical. Sous la haute surveillance d’un agent nord-coréen, joué par le réalisateur de Breathless (Yang Ik-june), les retrouvailles avec sa famille et anciens amis s’avèrent plus courtes que prévues. Dans la lignée de son travail documentaire, la cinéaste signe un premier long-métrage de fiction inspiré de son histoire familiale, où les divergences politiques le disputent au silence et à la rage du règne de l’injustice et de l’absurde.
Pourquoi êtes-vous passée des documentaires à la fiction ?
Je me suis rendue compte que quand j’interviewais ma famille pour mes documentaires, ils refusaient de parler ouvertement et s’autocensuraient. Du coup j’ai réussi à obtenir ces témoignages en passant par la fiction et l’emploi d’acteurs.
Quelle est la situation de la communauté coréenne au Japon ?
95 % d’entre eux viennent de Corée du Sud. Mon père est d’une île de Corée du Sud puis a choisi avait l’ambition d’aller en Corée du Nord après la guerre pour des raisons idéologiques. Il faut savoir qu’à l’époque le Sud était instable politiquement et très pauvre et au Japon les Coréens étaient traités comme des ordures. En plus il y a eu un massacre sur l’île donc mon père refusait de cautionner le gouvernement du Sud.
Il y avait un réel espoir de réunification et au Japon, comme d’ailleurs une bonne partie du monde à cette époque, avait espoir dans l’idéologie communiste et les médias présentaient la Corée du Nord comme un paradis terrestre.
Son gouvernment avait mis en place un programme d’immigration et 94 000 Coréens du Sud, dont mes frères, s’y sont installés. Aujourd’hui, les familles coréennes au Japon, comme dans le film, parlent Japonais entre elles et très peu de Coréens pensent repartir en Corée. Moi par exemple, je me sens japonaise. Je n’irai pas vivre en Corée bien que j’aime y aller de temps en temps. Paradoxalement, les familles envoient leurs enfants dans des écoles coréennes au Japon.
Qu’est-il arrivé à vos frères ?
Le plus jeune qui est allé au Japon pour se faire soigner est vivant, en bonne santé malgré des maux de têtes, mais le plus aîné est décédé car il était malade depuis longtemps suite aux effets secondaires de médicaments antidépresseurs qu’il prenait.
Avez-vous ou votre famille eu des problèmes suite à votre travail ?
Au début je me censurais beaucoup plus par peur pour ma famille mais récemment j’ai décidé que je ne voulais pas me taire comme mes parents. Mais il n’est rien arrivé à ma famille et officiellement ils me disent d’arrêter de prendre des risques mais me soutiennent discrètement en m’envoyant des lettres de temps en temps.