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Un jour au festival Silence On Court
dimanche 15 mai 2011, par
Le festival Silence on court s’est déroulé du 26 au 29 avril dernier, entre le cinéma de Nanterre Université et le Forum des Images, en passant par le studio Galande, et j’ai eu la joie et l’allégresse de pouvoir y assister en partie.
Ce Festival est ouvert à de jeunes cinéastes, encore étudiants ou à leurs débuts, et chaque séance permettait aussi au public de rencontrer les producteurs et/ou réalisateurs de certains de ces courts métrages, tous différents les uns des autres.
Petite revue d’une de ces séances...
C’est au sein du campus de Nanterre Université, qui les accueille depuis la création du festival, que j’ai assisté à la diffusion de 9 courts métrages, et je me suis régalée tant ce qui était proposé était divers et de qualité. Du film poétique à l’engagement politique, en passant par le documentaire, du land art à l’animation 3D ou stop motion, on peut bien suivre ces 3h sans s’ennuyer.
Peut-être parce que c’est le premier que j’ai pu visionner, ou bien peut-être est-ce mon humour noir qui l’a emporté mais mon coup de cœur est allé à « Au revoir Bonaventure », de Raphaël Rivière. Bien que très sombre au niveau de l’image, cette histoire de rencontre autour d’une tentative de suicide sur une voie de train m’a touchée et beaucoup fait rire. On attend sur cette voie un train qu’on ne veut pas rater, le dernier train à ne pas rater, et puis se pose la question de qui était là en premier. Alors on s’explique et on se raconte, on se retrouve avec un point commun étrange : la vie ne vaudrait pas la peine d’être vécue, donc autant s’arrêter là. Sans pathos pour autant, avec juste la légèreté et l’évidence de celui qui va chercher son pain ou ouvrir une porte. On finit par rater le train et c’est pas plus mal, et après le film on se dit que même suicidaire, c’est chouette de vivre pour rencontrer aussi. Un scénario léger, bien écrit et servi par des comédiens touchants, il ne m’en fallait pas plus pour bien commencer ma soirée.
Le second film, un court-métrage d’animation franco-ukrainien de Anatoliy Lavrenishin, « Le Corbeau Blanc », raconte dans un univers noir et blanc l’histoire d’un maillon humain d’une chaîne qui, réveillé par un corbeau blanc, va chercher à se sortir de la routine et de l’uniformité dans laquelle il s’était plongé avec ses semblables, mais finit toujours par recréer le même genre d’univers qu’il cherche à quitter. Une critique de la nature humaine, narrée par des dessins enfantins, qui ne font que faire ressortir d’autant plus la cruauté de ce cycle infernal, et qui ne perd pas son souffle. On se laisse facilement aller à suivre toute cette petite bande.
« Mine de rien », de Morgann Martin, est une première collaboration avec son producteur et aussi un film de fin d’étude, qui raconte l’histoire de Régis, qui réalise la monotonie de sa vie le jour où on lui vole son paillasson. D’une idée de départ très chouette et décalée, on part dans une suite de petites aventures délirantes qui finalement le ramèneront presque à son point de départ. Je me suis quand à moi un peu perdue dans tout ce brouillon de bonnes idées, mais hélas le peu de temps d’un court métrage ne permettait pas de les développer toutes comme elles le méritaient.
Second film d’animation de la soirée, cette fois ci en 3D, « Mortys » nous conte la dispute entre La Mort, le grande faucheuse ou comme vous voulez l’appeler, et son fils, adepte des nouvelles technologies qui ne comprend pas que sa mère refuse de se faciliter le travail pour passer plus de temps avec lui... De l’humour gentiment noir, grinçant et mignon, qui m’a bien plu et m’a laissé un grand sourire aux lèvres.
« Lel Chamel (Vers le Nord) » de Youssef Chebbi, était le film engagé de ma soirée au festival. Peut-être aussi parce qu’il ne se veut pas engagé, qu’il parle juste d’une réalité, celle de Tunisiens qui cherchent à aller vers le nord, celle de rumeurs de trafic humain, celle de la difficulté qu’on peut avoir à s’en sortir même quand tout va bien, et d’une violence qui peut devenir ordinaire. Ce film parle juste d’une nuit, et ne se veut pas un film social, et c’est peut-être aussi pour ça que tous ces messages passent d’autant mieux, grâce à cette simplicité et aussi à cette sincérité qui en ressort.
Autre coup de cœur pour ma part ce jour-là, le très court « Le Rejet », de Antoine Lareyre. Pas forcément facile à regarder, ces quelques minutes où une jeune femme seule, prise de vomissements, va finir par expulser littéralement et physiquement des objets, plus ou moins symboliques, énormes et irréels dans cette situation qui s’avère presque gore... Film tourné en une journée, monté quasiment en direct, le film ne se veut pas une critique facile (de nombreux attributs religieux sont parmi les objets rejetés) mais plus un discours au second degré qui présente la religion comme une cure de médicament dont il faudrait se purger au bout d’un moment, et s’en purger dans la douleur. Tout ça sur un petit air de Brassens qui nous rappelle qu’on ai 20 ans ou qu’on soit grand-père... enfin vous connaissez la suite ! J’aime les films qui me font réagir autant physiquement qu’intellectuellement, et « Le Rejet » a bien rempli son contrat. Je dois aussi avouer qu’entendre parler des conditions assez « libres » et instinctives du tournage a dû jouer dans mon coup de cœur, mais c’est certainement parce que j’ai retrouvé cette énergie dans le film même.
« Miscellanées » de Anne-Lise King tient de la performance, du Land Art, et porte bien sa définition de poésie filmée. Très court mais plein d’images de nature à la limite du féérique, cette sorte de fresque en stop motion m’a fascinée et j’aurais pu rester là à regarder continuer le film pendant des heures, comme absorbée dans un tableau vivant. Très technique et d’une réalisation précise et soignée, la poésie se trouve pourtant dans la douceur et la lenteur du changement de cette nature, et la féérie la traverse quand l’artiste intervient dessus, comme en secret.
L’histoire de « Son va-et-vient » de Lucrèce Carmignac est certainement connue de tous et va creuser là où l’on se souvient avoir été, plus ou moins vaguement, plus ou moins profondément. C’est l’histoire d’un après rupture, et du vide et du manque, vécu par une jeune femme qui va tourner en rond longtemps avant de réussir à combler ce creux. Même avec des textes aussi beaux que ceux cités (et on sait, enfin moi je sais combien j’aime entendre la parole de Koltès), j’avoue ne pas être très fan de la voix off en général, et selon moi de longues minutes auraient pu s’en passer largement, tant l’image se suffisait à elle même.
Le dernier film de cette soirée fut « Like Love », documentaire de Sarah Cunningham, qui raconte l’amour entre Jacob et Ramona, une artiste et un philosophe, elle bien portante et lui handicapé après être tombé du mauvais côté de la piscine. Des images douces toujours, amères parfois, mais jamais de leur part, c’est ce que j’aimerais retenir de ce film, qui a été tout de même un peu long à mon goût. Mais il est vrai qu’il est difficile de choisir quelle image l’on devrait couper, surtout quand il s’agit d’une réalité qui est aussi belle à regarder.
En conclusion, je dois dire que j’ai passé un très agréable moment, loin du cliché des festivals très fermés de courts-métrages. En effet, l’ouverture ressentie dans la programmation, dans l’accueil et dans les échanges autour du festival Silence On Court met le public à l’aise, et je vous conseille de ne pas rater la prochaine édition !
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1. Un jour au festival Silence On Court,
15 mai 2011, 15:48, par Emilie
1. Un jour au festival Silence On Court, 18 mai 2011, 09:37, par Kwet
2. Un jour au festival Silence On Court,
18 mai 2011, 00:24, par Jami
1. Un jour au festival Silence On Court, 18 mai 2011, 09:45, par Kwet
3. Un jour au festival Silence On Court,
23 mai 2011, 04:10, par bluepill22
1. Un jour au festival Silence On Court, 27 mai 2011, 11:57, par Jami