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Le dernier rivage (1959) vo : On the beach de Stanley Kramer
dimanche 18 septembre 2011, par
Premier film de science-fiction qui ne montre aucun mort, aucun cadavre en décomposition malgré la menace radioactive. Premier film de science-fiction où les destins des personnages sont scellés sans pour autant voir la mort s’abattre sur eux. Le dernier rivage cultive l’espoir prôné à chacun de ses plans non sans traiter la dure réalité d’un pays condamné par les dérives du nucléaire sur le point de se manifester. Le film entame déjà la survie suite à la guerre atomique qui engendre un compte rebours assez fatal pour les personnes amoureuses de la vie. A la recherche d’un endroit non contaminé par les radiations, le capitaine Dwight Towers du sous-marin le Sawfish parcourt ce qu’il reste du monde pour conjurer le sort qui les attend en compagnie du scientifique Julian Osborn et du lieutenant Peter Holmes.
Pour une fois, les Américains ne seront pas les cartes maitresses d’une possible délivrance, le pays parti en fumée, il en revient à l’Australie de mettre au point des solutions pour ne pas disparaitre du planisphère. A la froideur des villes fantômes réparties sur plusieurs plans d’ensemble large se confrontent les gros plans de bonheur non feint de Moira Davidson en quête d’amour qui se perdure. De la froideur à la chaleur, l’être humain semble s’être oublié pour aboutir à une impasse révélée à chaque parcelle d’un bâtiment vide ou de rues désertées. Une mort froide. Les corps irradiés ne laissent aucune trace, juste une évaporation du plan, une non-existence évacuée avant la première seconde du film. Désormais, la distribution doit se débattre avec leurs propres tourments pour reculer l’inéluctable et jouir d’un moment fort que rien ne pourra enlever.
Si Dwight Towers prend la tête d’affiche, il n’a rien d’un héros, juste un homme réfléchi avec ses fêlures du passé dans lequel il navigue, un homme abandonné à ses fantômes sans pouvoir se raccrocher au présent. Moira Davidson brille par sa dépendance à l’alcool qui la rend si impertinente et libérée. Ava Gardner lui offre tellement de sa personne qu’il serait bien tenter de croire si l‘actrice n’a pas connu des moments similaires de son personnage. La caméra collée à son visage, adopte aussi son comportement tout en ébriété par des plans obliques qui accroît les battements du cœur entre deux personnes qui n’ont plus rien à perdre. Holmes lui pense au futur noir et prévoit des pilules suicide pour abréger ses souffrances mais il est contrecarré par l’optimisme sans faille de sa femme, mère de sa petite fille.
A l’heure où les rumeurs circulent sur la possible apocalypse de notre humanité prévue en 2012 et meurtrie par des catastrophes naturelles comme celles d’Haïti, le cinéma démontre aussi sa capacité à propager le désespoir avec l’économie de ses effets somme toutes remarquables.
Dir : Stanley Kramer, 1959