Court de la semaine SPECIAL RAINDANCE : Gone the Way of the Dodo de Liam Saint-Pierre

Umït tient, dans l’est de Londres, un des derniers magasins dans lequel on peut trouver des bobines de film. Il présente toutes les caractéristiques du collectionneur un peu obsessionnel : sa femme pense qu’il est fou, il entasse les copies dans tous les coins et devient fébrile quand il évoque les copies originales de King Kong.

Le témoignage d’Umït n’est pas un plaidoyer puisque la partie est perdue d’avance, mais un cri d’amour, ni plus ni moins, en direction de la pellicule, dont il loue les couleurs, la texture, le grain et les aspérités, lesquelles disparaissent au profit de l’image souvent plus lisse, standardisée, du numérique. Umït est un des derniers amoureux du 35 mm mais il en est un des plus fervents. Il tient bon, contre l’époque, contre son fils même, qui a délaissé la boutique paternelle pour l’informatique, mais dont la présence subsiste inscrite sur l’enseigne du magasin « Umït & Son ». Umït tient bon, porté par son enthousiasme toujours intacte devant les clients qui lui demandent d’organiser des projections, ou dans les foires spécialisées où il chine fiévreusement.

Ce que le film montre, c’est qu’Umït, et avec lui tous ceux qui ont de l’affection pour la pellicule, est sensible à l’image mais aussi à la magie du processus, au rituel de la projection. Gone the Way of the Dodo nous donne à voir, dans cette boutique où s’empilent les bobines entre les figurines et les Mars, un résistant qui, avec un enthousiasme toujours intacte, vibre pour la pellicule, inflexible devant l’inéluctable avènement du digital.

THE WAY OF THE DODO from Liam Saint-Pierre on Vimeo.

Gone the Way of the Dodo était en selection officielle à Raindance Film Festival, Edinburgh Short Film Festival et en selection officielle à Sheffield, entre autres.