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Retour sur mon premier court : Laura Goncalves
jeudi 9 mars 2023, par ,
A l’occasion de l’édition 2023 du Festival de Clermont-Ferrand, nous avons discuté avec la réalisatrice Laura Goncalves dont le court La Quadrature du Cercle avait fait partie de la sélection de 2015 pour en savoir un peu plus sur son parcours depuis et ce que lui a apporté cette présence au festival.
Parlez-nous de votre premier court-métrage sélectionné à Clermont-Ferrand. Quel était le sujet ?
Le court-métrage La Quadrature du Cercle a été sélectionné pour la 37ème édition du Festival du Court-Métrage de Clermont-Ferrand en 2015. Il était mon premier film à la suite de mes études. Il aborde les thématiques principales qui traversent toutes mes réalisations : l’ennui des villes et la circularité du temps. J’y mets en scène un personnage en proie aux répétitions de son quotidien et à la solitude dans une grande ville. Il va tenter de changer sa perception du temps avec la lumière hypnotique des écrans, ce qui participera à sa transformation.
J’élabore cette esquisse sur quotidien à partir d’une phrase « dans la vie on tourne en rond pour finir dans un rectangle ». Elle illustre bien un phénomène du temps à l’état boucle, où les formes rondes et carrées interrogent une condition humaine. Cette poésie géométrique continue d’habiter mes scénarios.
Quel a été votre parcours de réalisatrice ? Où en étiez-vous dans votre carrière ?
J’ai d’abord complété une formation en Cinéma à l’Université Paris 8 durant laquelle je me suis familiarisée avec plusieurs techniques de scénarisation et de réalisation dans une approche fictionnelle. Cela m’a conduit à explorer la matérialité de la vidéo dans un cursus en Arts visuels et médiatiques à l’Université du Québec à Montréal. Je construis, depuis lors, des narrations qui se déploient aussi dans la plasticité des images. Mon premier film, La Quadrature du Cercle, a reçu des distinctions dans des festivals tels que Dérapage 14 à Montréal, Best of des écritures et des formes émergentes de la SCAM à Paris, Vidéoformes à Clermont-Ferrand, Montreal Underground Film Festival et Fantasia à Montréal. Par la suite, j’ai réalisé plusieurs vidéos et installations vidéo, comme Les Paradis artificiels, qui s’articulent autour de mon intention centrale, refléter un temps à l’état de boucle. Je collabore également sur des créations scénographiques, documentaires et musicales. J’ai réalisé des vidéo-clips pour les groupes Suuns et Timber Timbre, ainsi que des projections vidéo pour la pièce de théâtre déambulatoire Les Laissés Pour Contes aux Ateliers Jean Brillant.
Quelle a été votre expérience du festival ?
Le festival du court métrage de Clermont-Ferrand est donc l’une de mes premières expériences en festival. J’ai reçu un accueil très chaleureux et vivifiant de la part des organisateurs et des intervenants. J’ai fait la découverte du travail de nombreux réalisateurs, car les films que j’ai pu voir m’ont été accessibles grâce au festival. C’est une richesse. Ce festival se fait gardien d’un écosystème artistique émergent et fait office de tremplin.
La présence du film au festival vous a-t-elle ouvert certaines portes ?
Grâce à cet évènement, j’ai rencontré de nombreuses personnes et, en filagramme, j’ai été approchée par une société de production, ce qui a renouvelé mes projets. Puis, cette visibilité a amené mon film à être programmé dans d’autres évènements, comme les Best of des écritures et formes émergentes par la SCAM à Paris.
Sur quoi avez-vous travaillé depuis ? Quels sont vos projets actuels ?
Actuellement, je prépare un court-métrage d’animation hybride en mêlant de la rotoscopie de prises de vue réelles à des dessins animés. L’histoire se déroule dans une ville en deux dimensions, habitée par des rectangles de toutes tailles. Le protagoniste, Square, va percevoir la troisième dimension après l’apparition d’une sphère. Dans ce projet, je tente d’interpréter la peur de l’injonction sociale et la conformité à un paroxysme déshumanisant. La société qui est décrite court après le progrès technologique, obsédée par la rentabilité du temps, jusqu’à l’épuisement au travail. Donc, le récit a toujours lieu dans une ville. De plus, le temps à l’état de boucle est incarné ici dans le passage de la 2ème à la 3ème dimension, car des figures plates pour former un volume bouclent sur elle-même.
Coups de cœur récents au cinéma ? Votre court de cœur ?
Mon coup de cœur de l’année est un court-métrage, Bleat, du réalisateur grec Yorgos Lánthimos. C’est un très beau film en noir et blanc et muet. Il se déroule sur l’île grecque de Tenos dans les Cyclades. Il montre les fantasmes et le rêve d’une femme en deuil dans une maison reculée, tout en menant une réflexion sur les traditions. Il y a un regard et un traitement singuliers de l’expressivité des mains. J’aime aussi les films qui parlent du rêve, vital et pourtant si mystérieux. Le rêve échappe au contrôle car il n’appartient qu’au rêveur, ce qui est également un thème récurrent dans mes films. Aussi, j’aime beaucoup le thème de l’iléité. Il faut préciser aussi que mon courant cinématographique préféré est celui des expressionnistes allemands des années 20 pour leurs représentations symboliques.
D14 : gagnants : La quadrature du cercle : : Laura Gonçalves from Dérapage Festival on Vimeo.